Le projet BOSPHORE est suivi par le Midi Libre du 11 Juin.
Grau-du-Roi,
Depuis début mai, le port du Grau-du-Roi est le théâtre d’une histoire abracadabrantesque, où l’enthousiasme et l’espoir de son protagoniste, Olivier Cheyrezy, président de l’association Green Armada, se sont mués en amertume teintée de colère. Celui-ci est l’actuel propriétaire du Bosphore, une goélette aurique (aux voiles quadrangulaires) de la fin des années 80, ex-annexe d’un navire école de la marine nationale, dont les jolies rondeurs et le caractère trempé se devinent sous le vernis défraîchi.
Tout commence mi-avril, lorsque cet entrepreneur dans le secteur du plastique résidant à Bessèges, dans les Cévennes, capitaine-armateur à ses heures perdues, récupère le voilier pour son association. « Celui-ci appartenait à Miss Évasion, une association œuvrant dans le tourisme, qui l’avait confié au chantier naval Spano & fils, au Grau-du-Roi, pour rénovation. L’arsenal avait alors devisé oralement de 25 000 à 30 000 € de travaux, sans avoir inspecté le navire a priori. A posteriori, en effet, il a multiplié le montant par six (!), mettant Miss Évasion dans une situation inextricable. Et nous ensuite. »
Olivier Cheyrezy a fondé Green Armada avec l’ambition de « trouver un bateau et d’y embarquer des spécialistes pour des missions scientifiques entrecoupées d’animations pédagogiques ». Ainsi, il espérait se rendre en 2024 à Madagascar « pour y recenser les lémuriens endémiques, pour le compte de l’Institut Charles Darwin International ».
« Aussi, quand Miss Évasion nous a fait don du Bosphore en échange de la prise en charge des réparations, nous avons sauté de joie », se souvient-il. Le hic : « Seul le montant de la première estimation nous a été communiqué, pas le second. »
Puis les déconvenues se sont rapidement enchaînées. « Durant la première quinzaine de mai, nous avons appris que la goélette avait subi une avarie, vraisemblablement lors d’une manœuvre dans l’enceinte de Spano & fils. Le chantier a alors voulu se débarrasser du problème en coulant le navire au large, une pratique aussi dangereuse qu’illégale que nous avons empêchée. En conséquence, le 17 mai, il a garé le bateau dans une zone sauvage, sur un fond vaseux, à quelques mètres de là. Il l’a équipé d’une pompe pour évacuer l’eau, avant de couper l’électricité le 29 mai. Et deux jours plus tard, le bateau a chaviré. »
Samedi 3 juin, le Bosphore gisait donc en contrebas de la rue des Médards au croisement du Vidourle et du canal du Rhône à Sète, au cœur de la marina. « C’est fini, nous ne pourrons pas l’utiliser pour notre projet, déplore Olivier Cheyrezy. L’assurance devrait prendre en charge son extraction à l’aide d’une grue. Puis la goélette sera transformée en restaurant, à Bessèges. »
« C’est triste d’en arriver là, après des semaines de lutte et de vaines sollicitations des autorités, en particulier des élus du Grau-du-Roi. D’autant que la Ville aurait pu s’associer à l’aventure… », conclut le chef d’entreprise. D’un naturel optimiste, celui-ci assure repartir prochainement en quête d’un autre bateau, et de mécènes.
Au port du Grau-du-Roi, la goélette Le Bosphore gît sur le flanc après un mois d’âpre bataille pour la renflouer, au grand dam de son propriétaire qui voulait en faire un navire d’exploration.
Benjamin Janssens
Réactions Pour Florentin Spano, dirigeant du chantier naval Spano & fils, « ce type est fou. Il veut un bateau refait à neuf pour 20 000 € alors qu’il y en a pour 250 000 €. On lui a dit qu’on n’en voulait pas, qu’il devait le récupérer. Comme il ne se manifestait pas alors que le bateau allait couler, on l’a mis à l’entrée du chantier, avec l’accord de la mairie. Et on s’est occupé du pompage. Mais qui allait payer l’électricité ? On l’a donc coupée, et c’est heureux que le bateau se soit couché du bon côté. Quant à la voie d’eau qu’on aurait causée et cette histoire de remorquage au large pour le couler : c’est totalement faux ». Pour Lucien Topie, 5e adjoint au maire du Grau-du-Roi, délégué au port de pêche, « ce problème, c’est celui du propriétaire, pas le nôtre, et nous allons le lui signifier. Et il faudra qu’il agisse vite, car le bateau est en train de pourrir. Pourquoi devrait-on s’occuper de cette épave ? Et quel chantier en voudrait ? Sa réparation coûterait une fortune… »
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Erratum
Une formulation de phrase dans l’article du Midi libre laisse à penser que le Bosphore (anciennement Neretis) à été un navire de la marine nationale. Ceci n’est pas le cas; par contre en tant que navire privé elle a été exploitée en sous traitance avec le navire école de la marine nationale pendant trois ans.
Téléphone : +33664391337
E-mail : contact.green.armada@gmail.com
595 route du Serre
Peyremale , F 30160